Réminiscences...

Déjà trois ans...

Trois ans que Seylin n'avait pas remis les pieds sur le continent gelé de Frozen Grounds. Trois ans qu'elle avait cherché à fuir ces terres qu'elle avait jugé maudites. Et aujourd'hui, elle se retrouvait ici. Pourquoi était-elle revenue?
Peut-être par désoeuvrement. Peut-être aussi parce qu'elle avait déjà bien voyagé en trois ans, et qu' un besoin de revoir les terres natales, inconscient sûrement, devait se faire sentir. Peut-être voulait-elle enfin faire face à son passé.

La "samouraï déchue" se retrouvait donc au beau milieu du quartier humain de la ville d'Aroth, où elle avançait d'un pas lent, indifférente aux gens à côté d'elle, qui la bousculait sur son passage. Le quartier était toujours très fréquenté, des charrettes, des commerçants ambulants, des voyageurs et des citadins, tout était mêlé dans ces rues étroites. Et la jeune femme marchait sans faire attention, le regard dans le vague, remuant comme à son habitude les pensées dans sa tête. Elle n'avait pas bien changé depuis trois ans : les cheveux un peu plus longs, la mine un peu plus renfermée, l'art de la conversation un peu moindre. Et eux? Avaient-ils changés? Etaient-ils...
Seylin cligna des yeux pour évacuer les souvenirs malsains qui apparaissaient encore une fois dans son esprit. Elle se dit alors qu'une boisson lui ferait peut-être du bien. Elle entra alors dans la première taverne au coin de la rue, s'assit à une table avec une bière, et commença à la siroter doucement en observant de ses yeux verts les personnes dans la salle bruyante.

Tyll-biss aimait bien cela.

Le contact de la terre cuite en forme de verre dans ses mains trop longues, l'odeur de renfermé et de fumée de pipe qui faisait ici l'objet d'usage intensif et surtout autorisé voire encouragé, la vue de tous ces alcools à la puissance dévastatrice...
Les tavernes.
Seulement voila, il n'était pas la de sa propre volonté. Il était en mission de routine à la recherche d'un nouveau fauteur de troubles dans Aroth...
Les pistes que son clan lui avait donné étaient cette taverne et un nom. Une connaissance de la cible. Malheureusement, personne ne semblait avoir entendu parler de ce gobelin. A coup sur, Tyll-biss le savait parfaitement, les autres couvrait la connaissance de la cible et par conséquent, la cible elle-même. Mais il ne pouvait rien déclencher sur de telles suppositions, si évidentes étaient-elles.
Cela était courant dans ses missions... Généralement, il rodait aux alentours du lieu ou il était censé trouver le fauteur de trouble jusqu'à la nuit tombée, discrètement, en espérant tomber dessus. Cela n'arrivait que très rarement, et il devait souvent abandonner la mission jusqu'à nouvel ordre.

Il savait très bien que cela finirait comme cela pour cette fois encore. Mais ce jour là, jour pluvieux, c'est à dire habituel, une chose fit oublier au lumbra tout regret d'être sortit pour des clous :

Alors qu'il restait adossé au comptoir, un personnage entra dans la taverne et le pseudo-elfe ne fut pas le seul à le remarquer...
Une beauté sculpturale au teint mat et à la démarche incertaine. Une humaine de pur sang à en juger par la première vue perçante du mâle aux cheveux étincelants. Ce moment dura une grande dizaine de minutes... Dans l'esprit du Kinaï.
Sans doute une seconde dans celui des tous les autres clients bavards et à l'odeur corporelle pas réellement ragoutante.
La jeune femelle s'avança indifférente à toutes les mauvaises choses qu'on pouvait de façon caractéristique trouver dans ce genre d'endroit pour s'assoir à une table vide en commandant une bière. Sa voix n'avait pas non plus échappé aux oreilles légèrement en pointe de Tyll-biss. Puis, Lorsque l'alcool de malt débaroulla sur le bois sombre de la table, deux lèvres délicates se posèrent sur le récipient.
Le jeune guerrier ne loupait pas une miette des gestes de l'humaine.
Il était captivé, mais il ne savait pas par quoi.

Il repensa alors à Lemi, cette camarade de combat qui avait le même grade que lui, elle aussi aux commandes d'une unité de missionnaires. Une camarade qu'il appréciait énormément depuis toujours. La nouvelle cliente de la taverne déclencha les mêmes sensations que lorsqu'il pensait à Lemi. Mais des sensations à la fois différentes. Indéfinissable pour lui.
Il devait parler à cette personne. Une combattante selon toute vraisemblance.
Il décida donc de ne rien faire.
Seul son regard persistait à se tenir droit dans la direction de la jeune femme. Un regard qui, en plus des iris presque indescriptibles, ne pouvait pas passer inaperçu...

Le liquide ambré revigorait un peu la jeune femme, répandant une sorte de chaleur douce dans son corps. Seylin ressentait maintenant, aux milieux de ces ivrognes, de ces maraudeurs et autres personnalités peu attrayantes, une sensation de bien-être, timide mais réconfortant, en ces jours gris et ces temps troublés. Pendant qu'elle savourait cette impression tellement peu ressentie depuis toutes ces années, elle continuait d'observer les personnes présentes dans la taverne, d'un oeil dénué d'intérêt. La plupart des occupants ne différaient pas beaucoup du schéma initial : quelques poivrots de races différentes dormaient affalés sur leurs tables, ou en dessous cela dépendait, des encapuchonnés épiaient la salle d'un oeil mauvais, des voyageurs trempés de pluies se réchauffaient auprès du feu, les mômes du tavernier jouaient sous une table, des adultes jouaient aux cartes...

Mais tout le monde dans cette taverne ne correspondaient pas à ces stéréotypes. Un en particulier. A vrai dire, elle n'avait jamais vu un représentant d'une telle race : Un mâle de petite taille, la peau pâle comme la neige, les mains un peu grandes en tenue rouge. C'était une tenue de combat visiblement, avec des inscriptions d'une langue inconnue dessus. Ses oreilles pointues aiguillèrent la jeune femme vers une race dérivée d'elfe, mais sans aucune certitude. Elle n'avait jamais vu ce genre de chevelure argentée, qui dans la lumière se parait de reflets bleutés, ni ces yeux... qui la fixaient. Sans gêne, elle se permit de soutenir le regard du jeune mâle, pour scruter ces prunelles étranges. Sans pupilles, dans un dégradé allant du gris sur les côtés au blanc immaculé au centre, ils dégageaient un impression bizarre. Ils agissaient comme deux sortes d'aimants qui happaient le regard de la guerrière inévitablement. Elle commençait à ressentir un vif intérêt pour cet être à la race inconnue. Et pourquoi la fixait-il ainsi?

Seylin voulut boire une autre gorgée de sa bière, mais elle se rendit compte bien vite que la choppe était déjà vide. Sans le savoir, elle avait dut vider le récipient pendant l'observation minutieuse de l'étranger, qu'elle n'avait pas pensé aussi longue... D'un signe de tête a peine esquissé, elle lui fit la demande de s'approcher à sa table, afin d'avoir plus d'informations sur cet être qui l'intéressait tant. Son visage restant impassible comme à son habitude. Ses yeux verts ne lâchant pas le regard de l'être. Comme un défi personnel. Elle voudrait aussi entendre le son de sa voix.

La sensation étrange se vit accentué au moment même où elle aussi le regarda. Mais il ne bougea pas, car il pouvait mieux voir ses yeux désormais. Durant ce long instant, il réfléchit. Et il comprit qu'il avait peur. Lui dont le but était de reconnaitre le mal, fut bien obligé d'admettre que c'était la première fois qu'il s'arrêta sur un tel cas. Rien dans ce qu'il voyait pouvait lui montrer qu'il avait à faire avec une créature maléfique, mais d'un autre côté, cette sensation inconnue lui faisait peur. Car il ne s'était jamais retrouvé dans cette situation.

Comme elle le regardait elle aussi, il interpréta qu'elle lui voulait du mal. Ce tiraillement entre ses pensées, un être mauvais ou neutre, et l'incapacité de comprendre, fit peur à Tyll-biss. Il ne s'était jamais senti si dominé. Il sentait son cœur battre plus fort, et sa respiration s'accentuer, comme avant un combat. Alors, il se conforta dans l'idée que la femelle lui voulait quelque chose de mal. Et cela fut confirmé par un petit mouvement de tête très déchiffrable. Elle l'invitait à venir.

Il resta un moment sans toujours bouger un seul muscle de son corps, visage compris. Puis il vit la l'occasion de comprendre. Et l'occasion de lui parler. Il se mit alors en marche, et rien que le retrait de la position "accoudée" à la position debout lui prit une bonne dizaine de secondes. Il s'avança doucement, puis de plus en plus vite à travers la salle bondée. Trébuchant parfois sur des pieds de chaise, action qui se terminait souvent par une tape sur la tête des propriétaires de ces chaises, il finit par marcher très vite et arriva devant la table de la guerrière. Et un même mouvement il dégaina Sasori et porta sa lame sur la jugulaire de la femelle.

-Toi ! Arrête cela sur le champs ! arrête ce sortilège sorcière ou je te romps le cou entier !

Il transpirait de tous ses pores...

La jeune femme le vit enfin se mouvoir, et approcher vers elle. Elle ne s'attendait pas à le voir accepter son invitation si rapidement, aussi fut elle intriguée par la réaction spontanée du pseudo-elfe. Si bien qu'elle ne le quitta pas des yeux pendant toute sa course. Et même si elle avait voulu détourner le regard, elle ne l'aurait pas fait.
Sans en avoir vraiment conscience, elle se complaisait à observer cet être étrange, intéressée par la découverte d'un spécimen d'une race inconnue chez elle, et captivée par plusieurs détails inutiles : sa démarche rapide et alerte, les reflets bleus de ses cheveux agités par le rythme de la marche du jeune homme, ses sourcils fin légèrement froncés et ses yeux sans pupilles, franchement déstabilisants, qu'elle n'arrivait pas à sonder.

Au bout d'un moment, elle remarqua que la marche du pseudo-elfe s'accélérait. Puis elle vit l'expression un peu soucieuse sur le visage de celui-ci. Enfin quand il arriva devant sa table, elle remarqua une dernière chose pourtant très difficile à éviter : Un fourreau anormalement long, duquel sortait un pommeau que le mâle avait déjà agrippé. Le plus rapidement qu'elle put, elle dégaina alors une de ses épées qu'elle pointa vers lui. Mais inutile de dire que la lame qu'il avait placé tranchent sur la jugulaire de la jeune femme était nettement plus grande que ses deux épées réunies, et elle ne pouvait donc pas l'atteindre avec les siennes.
Le pseudo-elfe ordonna alors à Seylin d'arrêter de lancer un sortilège apparemment. L'ex-samouraï ne put s'empêcher de lever un sourcil interrogateur, ne comprenant pas vraiment le sens de cette phrase. Elle pensa pendant un moment qu'il avait abusé de la bouteille. Mais elle écarta bien vite cette hypothèse, car il se tenait parfaitement en appui sur ses jambes, et son bras n'avait aucun mal à tenir son épée. Le jeune femme préféra donc le rassurer sur un point.

-Si je maîtrisais la magie, je t'aurais déjà tué avant que tu ne te redresses du comptoir.

Au moins, elle avait entendu la voix du jeune mâle, ce qui la fit sourire intérieurement. Elle rengaina son épée sans gestes brusques, de peur de donner des raisons au pseudo-elfe de l'attaquer. Il semblait déjà bien sur les nerfs. Elle posa alors ses coudes sur la table, d'un geste de main lui désigna le banc en face d'elle, semblant peu se préoccuper de la lame prête à lui entailler le cou.

-Qui es-tu?

Question peu originale, mais qui voulait tout dire. En plus, cela lui évitait de gaspiller trop de salive. Elle attendit donc que l'être de race inconnue se décide à faire quelque chose, restant toujours alerte, au cas où sa réponse ne lui plairait pas...

-Si je maîtrisais la magie, je t'aurais déjà tué avant que tu ne te redresses du comptoir.

Tyll-biss ne connaissait pas la force de son adversaire. Pas encore. Mais elle non plus ne connaissait pas la sienne. Comment pouvait-elle affirmer cela. Telles furent les pensées du jeune Kinaï avant que l'humaine ne rouvre la bouche.

-Qui es-tu ?

Mais avant qu'il n'analyse cette phrase, il se concentra sur celle d'avant. Elle ne maîtriserai donc pas de tels sorts ? Il était décidément de plus en plus déconcerté. Après la dernière question de la guerrière, son esprit et son corps furent confronté au choix de quitter la taverne en courant ou s'assoir à la table. Et dans ce dernier cas de figure, il ne savais pas s'il devait rengainer ou laisser la menace planer sans se soucier des clients qui commençaient déjà à avoir peur. Clients que Tyll-biss n'aurait aucun mal à tuer de la seule main qui ne tenait pas son épée. Non, la seule chose qui l'effrayait ici était cette femme. Il n'était d'ordinaire pas réticent à se présenter, mais cette fois, il ne put pas répondre. Il s'assit alors, obéissant à cette jeune femme qui l'hypnotisait, et et annonça :

-Toi d'abord.

Il n'avait pas encore pris conscience que si le comportement de la fille était étrange c'était parce qu'elle avait à faire avec une créature qu'elle n'avait jamais vu et qui était elle même très étrange. Beaucoup de gens d'Aroth connaissaient déjà Tyll-biss et étaient habitués à le voir, mais pas les étrangers comme elle. Il espérait sincèrement qu'elle réponde à cette injonction.

A la réponse du pseudo-elfe, Seylin laissa échapper un petit soupir. Evidemment, les présentations ne se dérouleraient pas facilement et en totale conscience. L'état d'esprit de son interlocuteur était méfiant, et semblait... Anxieux. Lui faisait-elle peur? C'était bien la dernière chose à laquelle elle aurait pensé. Si elle avait été une samouraï digne de ce nom, peut-être qu'alors l'anxiété aurait été justifiée. Mais...

En tout cas, il s'était enfin assis à la table de la jeune femme, et attendait maintenant de savoir à qui il avait affaire. Ce qu'elle désirait vraiment savoir aussi. Il n'allait pas sans dire que ce guerrier d'une race inconnue semblait être vraiment fort. Il tenait son épée d'une main assurée, et savait la maîtriser avec exactitude, d'après le peu qu'elle avait vu. Désireuse de gagner un peu plus de confiance chez son interlocuteur, la jeune femme sourit très légèrement - exercice qu'elle n'avait pas beaucoup pratiqué dans sa vie, et qui lui demanda quelques instants - et passa ses doigts négligemment dans les quelques mèches sombres qui lui tombaient sur le visage, afin de se dégager les yeux. Puis elle reposa ses deux coudes sur la table de bois, et fixa son regard sur le mâle. Elle articula alors :

-Seylin Maï. Tu connais ma race... et j'aimerais connaître la tienne.

Elle ne préférait pas donner d'autres informations sur elle, par économie de syllabes, et surtout car elle ne le jugeait pas nécessaire. Dire qu'elle était samouraï serait mentir, puisque qu'elle a failli, et raconter cet épisode ne l'enchantait pas du tout. Elle y avait déjà trop pensé dans la journée. Non, maintenant, elle voulait connaître ce guerrier. Elle continua de regarder le pseudo-elfe en attendant sa réponse. Imperceptiblement et involontairement, son regard s'adoucissait un peu.

Seylin Maï.
Le fait d'entendre ces paroles eut pour effet de plonger Tyll-biss dans un étrange océan. Comme si une énorme partie du mystère avait pris congé. Ce sourir ravisant, et rassurant... Tyll-biss entrevoyait une explication en comparant son expérience avec ce qu'il avait appris sur le monde ...

-Ma race n'importe pas. Seul compte mon but. Je ... mon nom est Tyll-biss, missionnaire du clan Kinaï. Je vis dans cette cité, je suis en mission, mais tu m'interomps avec ton..., avec ta ... Qui es-tu ? Que fait tu ici ? je ne connais pas ton visage. Tu dois être une itinérante. Je te préviens que si tes intentions sont mauvaises, je ne donne pas cher de ta peau.

Apprendre le nom de son interlocutrice avait rompu le cordon qui retenait sa traditionnelle avarie de paroles. Il vomit toutes ces questions en moins de dix secondes, ce qui était completement contraire à sa nature. Cette femme avait une aura puissante pour réussir un tel coup. Mais il donnait le ton. Il s'était brièvement présenté. Maintenant, elle devait continer. Il renchérit en la poussant avec une question suplémentaire qui rassemblait toutes les autres.

-Que fais-tu ici ?

Tyll-biss? C'était donc le nom du jeune guerrier... Un missionnaire? Du clan Kinaï? Jamais entendu parler. Il semblerait que malgré avoir parcouru les Terres de Sang depuis ces 3 années, elle était loin de tout connaître de ce monde... Vraiment loin. Ce qu'elle voulait maintenant, c'était tout connaître de cet étrange "Tyll-Biss". D'ou était-il originaire? Qu'avait-il vécu? quel est ce clan Kinaï? Il avait tu ses origines raciales, mais non, pour Seylin c'était un détail de grande importance. Elle voulait savoir à quelle race appartenait ces yeux si étranges et si pénétrants, cette peau pale comme neige, cette chevelure aux reflets d'azur, et ...
Le jeune femme se rendit compte que le Kinaï lui avait posé une, voire même plusieurs questions, et que ca faisait quelques bonnes secondes qu'elle n'avait pas donné de réponse... Elle qui était pourtant alerte dans tous les cas, attentive au moindre détail, elle se sentait... bizarre. Comme si quelque chose l'empêchait de garder toute sa tête...

-Je rentre chez moi. Je suis originaire de ces contrées. Un clan de samouraï dans les vallons. Après 3 ans, je reviens ici... Sont-ce de mauvaises intentions?

Elle repensa tout de suite à son clan qu'elle avait lâchement trahi et abandonné, à son père au visage dur de son enfance, au paysage de montagnes enneigés qu'elle pouvait voir tous les matins en sortant pour s'entraîner... A cette bataille...
Elle ses mains jouaient négligemment avec son verre, ses doigts tapotant doucement sur le bois de la choppe grossière. Elle continua :

- Ta race m'importe à moi. Dis-moi. Ca m'intéresse.

La race du missionnaire l'intéressait pour sûr, mais cette fixation était sûrement un moyen de cacher le fait qu'elle soit intéressée par l'être en lui même.

Enfin. Après tout ce temps, le lumbra eut enfin l'impression qu'il n'avait pas un être maléfique devant lui. Mais alors, pourquoi cette étrange attirance ? Il baissa le regard vers ses lèvres, puis vers ses épaules légèrement dénudées, et tout naturellement vers son cou. Et il y vit le tranchant de sa lame à son contact. Il réalisa qu'il posait toutes ces questions depuis tout à l'heure en menacant cette Seylin. Il entreprit alors, fort de ces révélations, de baisser son arme. Il rengaina l'épée géante avec efficacité, précision et surtout rapidité.

-Tu es une samouraï.

Il connaissait évidemment grossièrement les codes d'honneur des samouraïs. Voilà aussi pourquoi il se mit à avoir une plus grande confiance en elle.

-Je suis un lumbra. Que tu ne connaisses pas ma race est logique.

Il semblait avoir retrouvé son mauvais goût pour la production de phrases. Comme il connaissait la rêgle de son clan, il ne préfera pas s'attarder sur les détails, surtout qu'il en avait dit une bonne partie. Mais, bien que Tyll-biss ne connaisse pas le sens du mot charme, celui de Seylin parvint à le convaincre de continuer un minimum.

-Mon rôle est d'assurer l'avenir du monde. La destruction de l'obscurité.

Son regard était entre temps remonté vers les yeux du samouraï.

-Qu'y a-t-il dans tes yeux ? Possèdes-tu un pouvoir quelconque ?




Il ne savait pas encore qu'il s'agissait simplement de beauté...

Seylin sentit enfin le tranchant froid de la lame du guerrier s'ôter de son cou. Elle ne put s'empêcher de frissonner imperceptiblement, à l'idée que cette épée aurait pu lui trancher la tête. Elle aurait pu mourir si ce missionnaire n'avait pas gardé confiance en la jeune femme. Seylin se rendit compte alors qu'en plus de l'intérêt qu'elle portait à ce "lumbra", pour sa race complètement inconnue, elle voulait lui exprimer la reconnaissance de l'avoir laissé en vie.
Elle pouvait ressentir que cet être était foncièrement bon, et qu'il se battrait toujours dans cette recherche de la lumière sur le monde. Il avait un idéal, et dusse-t-il mourir pour lui, il le ferait sans hésitation. Cette pensée lui incita de l'admiration pour ce kinaï mais aussi lui fit mal. Elle n'avait pas cette chance, de croire à quelque chose si fort qu'elle ferait tout pour lui. Elle n'était qu'une lâche, et c'est une chose dont elle se repentirait toujours. Elle baissa les yeux vers la table et les ferma pour éviter de sombrer à nouveau dans ces pensées qui la tiraillaient trop depuis son retour ici.
Elle rouvrit ses yeux, et rencontra le regard du lumbra, qui ne semblait pas la lâcher. Elle observa une nouvelle fois ces pupilles étranges, son esprit un peu troublé, sans qu'elle en sache vraiment la mission.

-Je ne suis plus vraiment une samouraï. Pas digne.

Elle resta silencieuse pendant un petit moment, cette révélation lui faisant déjà assez mal au coeur comme ça. Mais au fait, pourquoi avait elle dit ça à cet inconnu? Les mots étaient sortis plus vite que sa pensée, elle qui d'habitude mesurait avec justesse chacune de ses phrases pour juste dire l'essentiel, et ne pas révéler de détails... comme celui-ci. Pourquoi perdait-elle le contrôle de ses paroles?

- Mes yeux n'ont rien de spécial. Trop verts. Mais les tiens sont différents des autres... Tyll-biss. Pourquoi à part toi, je n'ai jamais vu de lumbra dans les Terres de Sang?

en continuant cet interrogatoire sur la race du jeune mâle, elle espérait rester le plus de temps avec lui. Ca faisait une éternité qu'elle n'avait pas parlé à quelqu'un de cette manière. Et ce lumbra était spécial à ses yeux. Elle ne voulait pas le laisser s'enfuir comme ça.

Tyll-biss se recula en s'adossant sur sa chaise, avec un grand soupir. Il détourna la tête en regardant dans le vague. Première fois qu'il détournait son regard. Il sombra dans quelques pensées. Il rebaissa la tête en regardant la paume de sa main, étrangement longue par rapport à celle d'un humain.

-Tu n'as pas à savoir. Tu m'as déconcentré de ma mission. Je ... je dois rentrer.

Sur ces paroles, il se leva en chancelant. Sa physionomie n'avait par contre pas changé d'un iota. Son visage restait de marbre. Il sorti de la bourse pendue à son ceinturon trois pièces qu'il posa sur la table. La dessus, il envoya un dernier regard à Seylin, et ses sourcils commencèrent à décliner légèrement. Une imperceptible tristesse se montra sur ses traits. Puis il tourna les talons vers la sortie...

En entendant ces mots et en voyant le lumbra se lever pour la quitter, Seylin fut prise d'un réflexe plutôt étrange. Elle se leva d'un bond, et en même pas une seconde, elle avait traversé la distance qui la séparait du jeune guerrier, avait dégainé une de ses lames et avait appliquer la pointe de la lame dans le dos de celui-ci. Avant que le lumbra n'ai pu faire quoi que ce soit, elle lui tint ces paroles :

- Te débarrasse pas comme ça de moi. Je t'aide pour ta mission. Je t'accompagne.

Elle finit par se rendre compte que cette épée dans le dos du lumbra pouvait faire "menace". Elle se dépêcha bien vite de ranger sa lame, déposa à son tour de la monnaie sur la table, et marcha tranquillement pour passer devant le mâle et se poster devant lui, un air de défi dans le regard. Il était clair qu'elle n'allait pas le laisser partir. Une force inconnue la poussait à faire ça. Mais elle ne luttait pas contre ladite force.

Il avait évidemment entendu la femme se lever brusquement de la table pour le rejoindre. Il avait également senti la lame qui pointait son dos. Il écouta de plus les paroles dites par Seylin. Mais la seule chose qui le choqua vraiment fut les pièces posées sur la table. Il parla.

-Ma boisson était déjà payé au comptoir avant que je ne te rejoigne. Reprend tes pièces, ta bière est payée.

Il continua de marcher vers la porte en donnant pour seul salut au tavernier un bref regard insistant mais dénoué de signification. Puis il sortit à l'air libre.

Gardom. Sans nom de famille. Sans famille. Juste une âme qui, ayant accepté un obscur contrat dans la mort, s'est vu rendre une pseudo vie. En échange de loyauté et de servitude, Gardom revivait, et s'était vu attribué de puissants pouvoirs. Et récemment, il détenait le contrôle de nombreux soldats de force impressionnante. Depuis qu'il n'était plus bloqué, il s'était dépêché de rejoindre l'extérieur. Il était le premier à être sortit, et avait déjà parcouru une énorme distance avec ses troupes. Il se sentait vivre encore plus. Il se sentait réellement fort, et cela seulement maintenant, alors qu'il contemplait la légendaire Cité.



C'était l'agitation dans les rues. La garde courrait partout, les généraux et lieutenants crachaient ordres sur ordres. Les trompes de guerre sonnaient tandis que les archers et blisters se précipitaient vers les abords de la ville. La panique se reniflait à vingt lieux sur le visage des villageois qui essayaient de se sauver sans trop savoir comment accomplir cet exploit. Parmi l'énorme vacarme, on distingua très nettement la voix du général Alser, le chef de la garnison d'Aroth, vomir la phrase suivante avec répétition et puissance :

- Les démons attaquent !!!! Les démons attaquent !!!

Seylin se hâta de reprendre ses pièces et sortit, pour ne pas perdre Tyll-Biss de vue. Mais elle ne s'attendait pas à voir cela. Dans la rue, l'agitation régnait. Ce n'était pas le même type d'agitation citadine qu'elle avait connue en entrant dans Aroth, mais plutôt la panique. Tout le monde courait en désordre dans la rue, en manquant d'écraser leurs congénères, semblant vouloir sortir de la ville à tout prix. Les chevaux affolés par tant de mouvement n'osaient plus avancer, les charrettes s'accumulaient et bloquaient la chaussée, les femmes et les hommes criaient, les enfants pleuraient. Seylin, qui avait rejoint le lumbra, s'apprêtait a lui demander d'où venait toute cette panique, quand elle entendit une voix plus forte que les autres crier :

- Les démons attaquent !!!! Les démons attaquent !!!

Ayant obtenu la réponse à sa question, Seylin n'ouvrit pas la bouche, mais mit ses jambes en mouvement. Elle courut droit vers les remparts pour voir la calamité démoniaque qui les attendait tous. Se frayant un chemin parmi tous les personnes qui couraient en sens inverse, ce qui rendait la progression relativement difficile, elle arriva aux bout de quelques minutes aux portes d'Aroth, verrouillées, et saturées de gardes aux aguets de la moindre tentative d'entrée dans la cité. Elle emprunta les escaliers, sans se soucier des regards affolés que lui jetaient les militaires, et arriva en haut des rempart. Là, elle put observer l'étendue des dégâts. L'armée de démons.

Tyll-biss suivait également la direction des remparts. La face est de la ville. Si des démons attaquaient vraiment la capitale humaine, l'armée issue du nord est avait réellement bien progressé. Et la situation serait vraiment catastrophique. Il marchait droit sans se soucier des habitants qui fuyaient le lieux où le lumbra se rendait. La muraille se dressait enfin à moins de 300 pieds devant lui. Sans ralentir le rythme, il grimpa sur le chemin de ronde. Cela représentait un nombre de marche impressionnant. Mais il arriva enfin, et comme Seylin, il vit put voir l'agresseur.

Celui ci était encore loin, mais les soldats d'une des tours de guets avaient lancé l'alerte assez tôt. Avant de se faire détruire. Une troupe marchant à moins d'une demi lieue de la muraille est se détachait dans le brouillard léger du royaume de Büdaka. On dénombra rapidement une centaine d'ennemis. Plus un être un peu plus grand que les autres. Les humains avaient de mal à voir à cette distance les détails, mais Tyll-biss ou les elfes en étaient capable. Ils se déplaçaient vite. Et bientôt, ils atteignirent une position plus favorable à leur observation. Seul la grande créature était un démon. Les autres étaient des soldats des enfers. Désormais les gens d'Aroth connaissaient ces créatures suite au début de la guerre contre les forces des ténèbres. De nombreux soldats humains étaient déjà allés sur le front pour faire face à de telles abominations. Et l'analyse du faible nombre d'assaillant de les rassura pas pour autant, car il savaient qu'un seul soldat de Korn valait plus qu'un soldat humain de base. Bien plus. Sans parler du démon. Il s'agissait fort heureusement d'un démon mineur de toute première catégorie. Les elfes avaient établi une hiérarchie et des critères précis pour déterminer le niveau de puissance de ces êtres. Celui-ci appartenait au rang des démons les moins puissants. Il ressemblait à un grand troll imberbe arborant du cuir de couleur pourpre à la place de la peau. Il était percé de nombreuses boucles et décorations corporelles. Il avait des yeux brillants d'un feu bleu trop écartés et pas de nez. Son menton carré laissait dépasser deux rangées de dents par mâchoire. Son petit front n'était qu'un support pour des longs poils drus faisant office de cheveux rassemblés en une dizaine de tresses parfois encerclées d'anneaux aux motifs impressionnants. Pour seul tenue il ne portait que des haillons pauvres en toile de sac à pommes-de-terre, ceinture et aucune chaussure. L'épaisseur de sa peau et sa musculature impressionnante constituait ses principales défenses, sans parler de ses armes. Un couteau dentelé prenant des formes de pointes droites ou en arc de cercle, de la longueur de son avant bras, et un marteau attaché par de la solide ficelle dans son dos.

Il s'arrêta devant ses troupes, à mis chemin entre elles et la muraille. Sa respiration formait de puissants nuages dans la froideur de l'atmosphère. Mais les humains avaient déjà réagi. Les archers faisaient pleuvoir leurs flèches sur le démons et sur ses soldats. Ses derniers se recroquevillaient sur eux même lorsque leur dos était formé de carapace dure comme l'acier, hérissée ou non de pointes, et les autres trouvaient d'autres moyens pour se protéger. Certains, se prenant les flèches en plein corps, ne bronchèrent pas. Comme insensible à la douleur et à la mort. Il étaient vraiment les créatures les plus répugnantes. Pas une ne ressemblait à l'autre. Le démon lui s'était réfugié derrière une formation rocheuse couverte de neige. Les traits se concentrèrent alors dans la direction des troupes. Aucun mort ne fut à déplorer. Pas non plus chez les humains. Mais cela ne tarderait pas.

Il avait assisté à tout le début de l'attaque. Il ne savait pas comment les assaillants comptaient forcer les défenses pour pénétrer la cité. En tout cas, il n'y avait que peu de choses à faire. Avec toute l'expérience qu'il possédait, il savait qu'il fallait se débarrasser le plus tôt possible des attaquants. Et que les sacrifices étaient nécessaires. Et aussi que Aroth ne devait pas tomber. Avec une si petite quantité d'ennemis, cela n'arriverait pas, mais même un affaiblissement de la ville serait mauvais. Il hurla alors à l'officier le plus proche.

-Nous devons sortir pour les attaquer à l'extérieur, voire les éloigner de la ville ! Ouvrer puis refermer les portes après avoir fait sortir assez de troupes ! Laissez-moi harceler le démon !

Il savait aussi une chose. Une si petite quantité de soldat et le nombre de démons, un, montrait qu'il ne s'agissait que d'un être et de son armée qui s'était séparé du reste de la horde démoniaque en fonçant jusque ici le plus vite possible. Il n'y avait donc certainement que eux ici. C'était une chance d'affaiblir, de façon dérisoire certes, l'armée démoniaque en se débarrassant d'une partie d'entre elle isolée du gros. Tyll-biss ne savait pas si son idée puisse faire avancer les choses d'autant qu'il ne faisait pas partie de l'armée d'Aroth. Il se dit aussi que dans le contexte historique, toute aide était la bienvenue.
Il lança aussi un regard à Seylin, qui, droite sur le chemin de ronde et portant un regard concentré sur les troupes ennemis, lui renvoyait une impression de puissance et de confiance plus profonde encore que dans la taverne.

Seylin ne distinguait qu'une forme noire qui avançait peu à peu vers la Cité, comme un escadron de fourmis peu avenantes. Et au milieu de ces fourmis, il y avait la Reine, une forme noire plus grosse, plus grande et effrayante que les autres, qui menait son armée d'ouvrières détruire une fourmilière rivale. La jeune femme ne distinguait pas bien les démons, mais elle connaissait un peu ce genre d'adversaires. Certains dans le passé étaient venu "s'amuser" dans sa vallée natale. Et son père avait pensé que c'était un bon entraînement pour la jeune samouraï qu'elle était d'aller participer à la défense du village.
Elle ne pouvait donc pas voir exactement combien ils étaient, mais apparemment, c'était un nombre assez réduit. Pas une grande armée pour un vrai siège. Mais la Reine fourmi Allait donner plus de fil à retordre. Et tous les gardes qui restaient là, terrorisés, à attendre que les agresseurs défoncent leurs portes...


-Nous devons sortir pour les attaquer à l'extérieur, voire les éloigner de la ville ! Ouvrer puis refermer les portes après avoir fait sortir assez de troupes ! Laissez-moi harceler le démon !

Seylin se retourna brusquement au son de cette voix maintenant familière. Le lumbra avait alors perdu tout de sa nonchalance qu'il entretenait soigneusement à la taverne. Il avait maintenant tout du guerrier expérimenté, donnant des ordres à ses soldats. C'est vrai qu'il semblait avoir déjà un lourd passé guerrier derrière lui. Combien de combats avait-il mené? Avait-il déjà failli? Encore des questions irrésolues. Mais il ne fallait pas penser à ça maintenant. Ils avaient une cité à défendre.
Quand le lumbra se tourna vers Seylin, celle-ci acquiesça, et rapidement, descendit les marches qui menaient du chemin de garde au bas des remparts. Elle arriva près des portes, toujours verrouillés, et des bataillons de gardes qui attendaient anxieusement derrière. Elle repéra celui qui semblait les diriger, et lui dit :

- Il faut impérativement faire sortir des troupes pour aller combattre les démons! Ouvrez la porte et refermez la des que vos hommes sont sortis! Gardez les ennemis loin de la cité!

L'ordre transmis, elle courut vers la porte, espérant qu'ils voudront bien écouter les directives, et se retourna pour voir ou en était Tyll-Biss. Elle lui faisait aveuglément confiance pour l'instant, car il semblait vraiment sûr de lui, et expérimenté.

Un general avait entendu les deux etres dire un ordre a ses soldats, comme si ceux-ci etaient sous leur controle. Mais au final cet ordre etait sence. Repousser les assaillants depuis la muraille serait pire que les rejoindre pour les combattre a l'exterieur. Il valait mieux les eloigner de la ville pour les eloigner des habitants. Ils seraient facillement attires par une horde de soldats dans tous les cas.
Le general etait evidemment Alser. Bien que la question "qui diable etes vous ?" lui traversa la tete, il n'adressa aux deux guerriers qu'un regard interrogateur. Puis il forma une phrase d'un mot a l'attention de ses troupes :

-Obeissez !

Les larges portes s'ouvrirent. Pour lancer la garnison d'Aroth a la bataille, il se contenta de crier avec energie et emotion :

-Pour vos femmes !!!

Les humains prirent les infernaux par surprise en s'ejectant de la cite par les portes a peine ouvertes, en hurlant comme le vent sur les flancs du pic Vempaas.
Rapidemment, mages et sorciers se joignirent au combat, et une bataille impressionnante malgre le faible nombre de belligerants debuta, et se deplaca en direction des plaines...

Tout n'était qu'un grand fracas d'armes et de cuirasses aux portes de la ville.
Juste après l'ordre lancé par le général de l'armée, tous les soldats présents à l'intérieur des remparts s'agglutinaient pour sortir par les étroits interstices des grandes portes. Seylin s'infiltra parmi les soldats, et passa enfin les portes pour se retrouver à l'extérieur de la cité, face au danger.
La fourmilière étincelante de Aroth allait affronter la fourmilière noire infernale. Le choc des armées était imminent.
Dans un grand cri d'encouragement au combat, les soldats, magiciens et sorciers foncèrent droit sur les infernaux. Seylin usa de son entraînement à la vitesse pour rattraper les premiers bataillons, sa rage de combattre se réveillant telle un flambeau qui n'avait pas été allumé depuis un long moment. Bien qu'une angoisse lui empoigne son estomac et fasse monter son adrénaline, voyant les créatures abominables se rapprocher ostensiblement.
Une autre chose l'inquiétait. Elle avait perdu de vue le lumbra aux cheveux argentés. Elle parcourut le vallon du regard pour essayer de reconnaître un visage familier parmi tous les guerriers, tout en sortant ses deux lames de son fourreau. Puis elle donna une dernière poussée de ses pieds pour accélérer, et commencer à engager le combat.

Tyll-biss, fidèle à ses idées, se précipita directement sur le Démon caché derrière le rocher enneigé. Il courrait le dos baissé à angle droit tout en tirant l’objet meurtrier qui dormait dans son fourreau. La ligne des ennemis approchait rapidement. Il n’aurait su dire si il était devant ou derrière les soldats, tant son esprit n’était empli que de deux choses : le combat à venir, et Seylin.
Le premier soldat démoniaques était maintenant à moins d’un crachat de l’être de lumière. Celui-ci évita de justesse son coup en se projetant sur le côté. Il continua sa route en évitant les guerriers. Puis il tourna sans raisons la tête vers la droite pour apercevoir un être maléfique qui était à deux doigts de taillader un arothien qui n’allait pas s’en rendre compte à temps. Par reflexe, comme si elle était le prolongement du bras de Tyll-biss, Sasori se décala sur la gauche à la hauteur de cou du soldat des ténèbres. Celui-ci se précipita droit sur la nouvelle arrivante et se trancha en exactement 30 centisecondes. Il ne pu observer la mort de sa victime. Il continua ainsi son rapide slalom entre les assaillants, et arriva en vue du rocher. Il était sorti du champ de soldats et pu enfin s’arrêter. Il contourna le rocher pour trouver le démon.

Seylin arriva au niveau des ennemis. Elle croisa violemment le fer avec un premier adversaire. Le choc ébranla les deux corps. Il ne fallut pas plus de temps pour que l’élan des deux partis s’arrête et que la vraie bataille commence entre tous. Tout se stabilisa. Et la bataille personnelle du samouraï commença dans le même temps.
Le soldat était laid. Une tête possédant un museau segmenté, aux dents jaunes et sortant de la bouche même fermé, des yeux globuleux d’un noir profond, et des espèces de mandibules aux extrémités ressemblant à des lames acérés. Son corps était vaguement insectoïde et arborait six bras dont deux à pinces, des pattes fléchies, et une queue elle aussi segmentées et courte. Il ne portait que son armure naturelle, à savoir son squelette externe présent partout sauf aux jointures des membres et de la tête. Il attaquait avec une arme d’hast de catégorie indéterminée.

Début du combat.

Soldat de Korn

Attaque: 30
Défense: 50
Animisme: 0
Vitesse: 20 (1 action)
Charisme: 20



Seylin Mai, samouraï

Attaque: 20
Défense: 40
Animisme: 25
Vitesse: 20 (1 action, avantage)
Charisme: 15



Le démon était bien en vue. Mesurant sans peines plus de huit pieds, il impressionnait, même s’il ne s’agissait que d’un démon mineur. Voyant la jeune créature arriver, il ne la pris pas à la légère. Il la considéra alors comme un ennemi à sa mesure.


Tyll-biss, Missionnaire lumbra

Attaque : 40
Défense : 65
Animisme : 100
Vitesse : 100
Charisme : 10



Gardom, Démon mineur

Attaque : 50
Défense : 300
Animisme : 50
Vitesse : 100
Charisme : 50

Technique :

Boule : Gardom met son corps en boule en s’élançant sur l’ennemi pour l’écraser après avoir fait pousser des pointes sur son dos.
Cout : Une action + 20 points d’animisme

Seylin croisa le regard avec le soldat de Korn qui venait de se placer en face d'elle, prêt à attaquer. Cette créature la répugnait intérieurement de part sa laideur, mais aussi parce que ce même type d'ennemis elle avait croisé lorsqu'elle vivait encore dans son village natal... Les souvenirs s'apprêtaient encore à refaire surface, mais la jeune femme ne leur laissa pas le temps d'embrouiller son esprit. Elle le ferma à toute chose extérieure à la bataille. Elle continua de se focaliser sur son ennemi. Son espèce de carapace le protégeait presque entièrement, mais elle repéra des zones non couvertes au niveau des membres que la créature avait nombreux, et de la tête.
La jeune femme se concentra alors. Puis ses pieds quittèrent l'appui terrestre, et elle courut sur le soldat de Korn, dégainant ses deux épées. Elle sauta, pour ensuite dans son atterrissage porter simultanément un coup d'épée à la jointure des deux membres de la créature qui tenaient son arme d'hast. Elle sauta alors en arrière pour s'éloigner du soldat, et ainsi éviter une contra attaque immédiate.
Elle jeta un coup d'oeil à la bataille pendant son acrobatie. Et elle se rendit compte du danger. Les soldats étaient très nombreux, et enragés, ils attaquaient avec véhémence les guerriers de la cité. Un certain nombre était déjà tombé, le carnage avait commencé. Et si elle finissait comme eux... Une crampe au ventre la prit subitement, comme si on lui retournait les entrailles. Elle se rétablit sur le sol, et chassa de son esprit le sentiment lâche qui venait de s'immiscer vicieusement. Elle n'avait pas peur. Il n'y avait aucune raison d'avoir peur.
Elle se remit en garde, pour faire face au soldat.

Action 1 : Attaque normale (20 dégâts)